Qui est Pépita ?

Pépita est née d’un double élan : celui du passé et celui du présent.

En mars 1983, alors que j’étais confrontée à une épreuve indicible, un personnage imaginaire m’a sauvée. Une figure venue d’ailleurs, ou peut-être de très loin en dedans.
Je l’ai appelée Pépita.

Pépita, c’est le prénom de ma grand-mère paternelle, Joséphine, que je n’ai jamais connue. Je porte son prénom, comme un écho qui me précède. Et peu à peu, une autre grand-mère de fiction s’est glissée dans le fil de cette mémoire affective : Félicie, la mère de San-Antonio. Ainsi, Pépita Mémoria est née.

Elle n’a ni âge ni adresse.
Elle est tissée de manques, de silences, de chagrins enfouis.
Elle est un amour transmis sans avoir été vécu.
Une puissance douce, une présence réparatrice.
Une grand-mère imaginaire qui tient la main des enfants perdus.

Pépita traverse mes collages comme on traverse un rêve : discrètement, mais avec cette force tranquille qui relie tout. Elle surgit dans un coin d’image, se cache derrière un fragment de couleur, chuchote dans les marges. Au fil du temps, elle est devenue bien plus qu’un personnage ; elle est le fil rouge de mon univers créatif.

J’ai voulu lui dédier cet espace sur ce site, un refuge où elle pourra continuer d’exister, veiller et, peut-être, se montrer à celles et ceux qui savent regarder.

Les artistes connaissent parfois cette étrange compagnie : des présences invisibles, surgies de nulle part et pourtant plus vivantes que bien des êtres de chair. Elles arrivent sans prévenir, se glissent dans notre quotidien, se laissent apprivoiser.

En 2024, Pépita Mémoria a rencontré Ursule, l’amie imaginaire de Chloé… Une rencontre improbable, comme si deux mondes secrets s’étaient frôlés du bout des doigts. Cela a été  l’occasion de réaliser enfin Pépita en poupée, pour lui donner une présence plus tangible encore.

Ces compagnons de l’ombre ne sont pas un simple caprice de l’esprit ; ils savent se faire guides, éclaireurs, catalyseurs. En cherchant à comprendre leur présence, j’ai découvert qu’aux États-Unis, on les appelle des Tulpas : des êtres imaginaires façonnés par l’attention de leur créateur, jusqu’à acquérir une étonnante autonomie. Ils dialoguent, influencent, transforment celui ou celle qui leur donne vie.

Pépita, Ursule et d’autres encore appartiennent à cette famille invisible. Ce sont des compagnons silencieux, reflets de nos histoires les plus profondes, gardiens de notre imagination la plus féconde.